LA PENSÉE CRÉATRICE
- 1 – La pensée positive
- 2 – La pensée créatrice à l’œuvre dans l’être humain
- 3 – Les trois temps d’une pensée créatrice : premier temps
- 4 – Deuxième et troisième temps
- 5 – Pensée créatrice, acte de reliance
(5) Pensée créatrice, Acte de reliance
Longtemps reléguée car inexplicable scientifiquement, et pourtant hautement estimée en ses effets – artistiques par exemple – la créativité caractérise l’intelligence humaine. Sur le plan religieux, elle culmine dans le miracle. Y a-t-il grande différence entre le résultat d’un comportement créatif s’exerçant dans le domaine scientifique, industriel ou social et celui d’un comportement religieux où elle apparaît comme fille de la prière et compagne dans la conduite de la vie ? C’est ce qu’il nous semble nécessaire d’élucider.
La créativité utilitaire ne se soucie guère que des avantages qu’on peut en tirer. Ce ne peut être valable que dans une première phase. Mais qui veut aller plus loin par la « pensée créatrice » voit combien elle distance les procédés pragmatiques de la créativité. L’observation et l’expérimentation objectivement menées débouchent, en ce qui concerne la créativité de la pensée, sur la constatation d’un nécessaire passage « fécondant » sous la forme d’une phase « d’abandon réceptif » (souvent dite d’incubation) donnant à l’acte créateur une qualité d’opportunité et une portée morale de haute valeur. C’est ce dont témoigne l’ample moisson d’informations scientifiques à ce sujet, provenant d’un peu partout dans le monde. Helmoltz, Henri Poincaré, et combien d’autres, ont dit leurs expériences de solutions créatrices mathématiques et scientifiques survenues brusquement après de vaines tentatives suivies d’abandon. Robert S.Woodworth a repris ce thème dans son Traité de Psychologie expérimentale. Des enquêtes montrent que les trois quarts des poètes et des artistes signalent un stade d’incubation dans leur production. Mais publicité, « forcing and management », pénètrent dans les entreprises comme le fit l’électricité dès qu’on a su la produire et l’asservir. Cette utilisation de la créativité en vue « d’affaires sérieuses » a de quoi inquiéter. Elle sert de paravent à la concurrence. Il faut aller au-delà de la « créativité productive » pour comprendre et expérimenter le terme de « pensée créatrice ».
… Face à la diversité des croyances, l’observation du processus de la pensée créatrice révèle une remarquable unité de structure et d’efficacité. Cela laisse supposer qu’une part est subjective, personnelle, et que l’autre relève de lois universelles. Ce que souligne aussi le Père Maxime, lors d’un mémoire présenté à l’Université d’Ottawa : « Une série de questions nous vient à l’esprit. L’usage de la pensée créatrice relève-t-il d’une technique psychologique ? Y a-t-il une place pour la dimension religieuse ? (…) La position religieuse a l’inconvénient de manquer d’universalité, vu que tous les hommes ne sont pas croyants ; par contre elle a l’avantage d’admettre déjà l’existence de deux mondes, l’un connu, l’autre mystérieux. » Plus loin il ajoute judicieusement : « Ne cherchons pas à nous emparer de ce dont nous avons besoin, mais efforçons-nous plutôt de nous mettre en état d’accueillir ce qui nous a été donné. Qu’il s’agisse d’une intervention de forces universelles ou d’une intelligence divine, de toute façon nous avons affaire à une réalité sage et clairvoyante. » Ce propos aboutit à une considération morale, absente de la seule « créativité » mais mise en évidence par la pensée créatrice. Car la créativité laisse l’homme livré à lui-même devant les résultats de ses propres œuvres, ce qui peut être dramatique. Alors que la pensée créatrice s’applique spécifiquement à la conduite de la vie humaine et y insère des réalisations issues d’une sélection spirituelle « providentielle » s’ordonnant en fonction de facteurs très souvent ignorés mais pourtant pleinement efficaces. Bien sûr, il faut encore en faire bon usage. Mais l’homme est plus rarement faillible s’il reconnaît la main de l’Universel dans sa vie particulière. Cette intervention providentielle passe nécessairement par le demandeur et par les circonstances qui le concernent. **** L’œuvre J.E.A.N. est donc axée sur la relation entre ce qui est de nature personnelle et ce qui est Universel, présent partout. La pensée est l’outil qui assure cette reliance. En connaître le maniement peut aider à avancer plus aisément et plus sagement sur une route d’éveil de conscience.